1. |
Frénésie
04:01
|
|||
La revoilà la frénésie de toujours plus.
Il n'y a jamais assez, on est jamais content.
Peut-être faut-il observer mieux le présent,
Se mettre d'accord et trouver un consensus.
Et arrive ce moment où pourtant adulte,
Ça nous a échappé, ce qui est mal ou bien,
Jusqu'où on pourrait aller, plus loin. Et enfin
Avancer jusqu'à quelle échelle dans le tumulte?
Alors on le fait quand même encore un peu plus,
Comme un essai en se jurant de retenir
Ce que ça nous fait d'y aller et de courir.
On sait que l'on se ment un peu, un peu plus.
Mais puisqu'au fond je sais ce qui est important
J'élimine vite les choses ennuyeuses,
Les choses du moment qui nous paraissent creuses.
En fait, là où le sens n'est pas, à cet instant.
Par si peu de principes
On se met en danger.
Tout est possible à jouer
Mais de peur on s'agrippe.
Je n'en crois pas ma montre.
On dirait qu'elle me parle,
Dès que je la regarde
Je sens monter la honte.
Les chiffres sont des mots qui disent: “Hâte-toi!
Toutes les heures passent, comble-les et tais-toi”.
Il reste sous ma main encore un peu de temps.
Je sens que tout s'est mit à bouger dehors
Mais que comme ce que ressent un arbre mort
Plus rien ne m'atteint, ça reste coincé dedans,
Encerclé par autant de temps... du temps, du temps
Tellement plus qu'il n'en faudra jamais pourtant.
Du temps qui passe si vite mais si longtemps
Et sans jamais sembler se remplir vraiment plus qu'avant.
Je parle fort pour poser des questions sans cesse,
J'y répond avant de les avoir terminées.
J'ai raté trois saisons sans même le remarquer
Et j'ai au dernier moment, avouer mes faiblesses.
Je chante violemment ce qui a bien incubé,
Ce qui restait coincé par d'étranges manières.
Un mélange de cris du cœur érodé
Qui n'a pas su guérir malgré milles prières.
Blanc ou noir. Pourtant on dit aimer les nuances
Mais quand il s'agit de les tenir, là on fuit.
Et cet incontrôlable besoin de présence
Qui ruinera peu à peu le chant des amis.
Je reviens toujours à ce même fondement
Un jour sur deux, quand je n'ai nul part où aller.
C'est très bien de se permettre de divaguer,
Retrouver la source qui nous garde vivant.
Là, entre la tension et le relâchement,
Entre la dissonance et la résolution,
Il y'a un espoir que je cherche souvent
Mais ne trouve pas. La réponse sans question.
|
||||
2. |
La table
03:30
|
|
||
Suis-moi, je t'emmène lentement par la main
A l'auberge où les gens parlent entre les mots.
Cet endroit maintenant je le connais si bien,
J'y ai laissé ma soif, mes douleurs, mes fardeaux.
On se retrouve à la table de l'évidence.
On y va ni vraiment pour boire ni pour manger
Mais pour voir entre nos phrases des ressemblances,
Pour jeter nos espoirs comme on jette les dés
On va reprendre un petit supplément d'âme
Dans la ruelle où le soleil ne vient jamais.
On va rallumer la torche et rendre la flamme,
Se frayer un chemin jusqu'au comptoir des damnés.
On va se rasseoir et ne plus se mentir,
Ecouter encore un peu le bruit des mots sonner.
Ecoute les sanglots camouflés dans des rires
J'y ai vu des yeux vides qui pleurent sans pleurer.
|
||||
3. |
Es-tu toujours là-bas ?
03:36
|
|||
Tu portais une robe blanche
Et des fleurs autour de ton cou,
Et tu allais gaiement partout,
Des peintures sur tes hanches
Dans le froid ou la chaleur,
Combien de nuit a-t-on passé ?
Combien de jours a-t-on aimé
Avant que cette étoile ne meurt ?
Es-tu toujours là-bas ?
Et pardonnera tu
Un homme ivre et perdu ?
Es-tu toujours là-bas ?
Ta voix me semblait si juste
Sur le disque qui tournait
Dans ce soir rouge d'été,
Je m'allongeais sur ton buste.
Parfois je rêve et vois cette scène.
Toujours la même, qui s'impose.
Dernière chance, on se promène,
Chemin désert, horizon rose
Es-tu toujours là-bas ?
Et pardonnera tu
Un homme ivre et perdu ?
Es-tu toujours là-bas ?
|
||||
4. |
Retrouver le vent
00:59
|
|||
Je voudrais retrouver le vent
Qui autrefois soufflait ici.
Au fond du temps, au bout des nuits,
Je veux remonter le courant.
Je voudrais voir en tout ces lieux
Là où je vais, la vie d'avant.
Une pluie vielle de cent ans,
La mémoire sans ses adieux.
Je voudrais pouvoir écouter
Ses cris de joie d'il y a longtemps,
Des chansons vieilles de mille ans
Le bruit des bottes sur les pavés.
Je sais que rien n'a disparu
De tout ces gens qui ont vécu
Toutes ces années, juste ici
Comme des voiles transparents
Ces millions d'âmes endormies
Je les vois danser dans le vent
|
||||
5. |
Juste assez
03:22
|
|||
J'aime le thé quand il brûle ma langue
Mais juste assez pour que je sente
Autre chose que le goût, quelque chose
Comme un miracle.
Comme quand tu roule en voiture et par chance
Tu t'arrête, au bon endroit, au bon moment
Pour voir ce soleil rouge levant
Entre deux jeunes arbres qui dansent.
J'aime le son de ces lézards
Quand ils courent sur le toit,
Et je veux les entendre comme je t'entends toi.
C'est une chanson pour toi
Juste un sourire pour toi
Je vois en toi de l'amertume
Ton désir s'est écroulé,
Comme une feuille sur le bitume
Comme un chien abandonné
|
||||
6. |
Bords de Saône
02:05
|
|||
Moi je voudrais aller juste au bord du canal,
Respirer pour longtemps les souvenirs vaincus,
Les années du lycée, l'insouciance joviale,
Sur tout les bords de Saône où nous étions émus.
Et je voudrais reprendre doucement le chemin
Tout en bas du lycée en serrant sur la gauche
Qui débouche sur deux prés. Quand avec les copains
On y allait chanter découvrant la débauche...
Mes amis d'autrefois! Ça n'fait pas si longtemps.
Vous m'avez tout appris et tout ce savoir-faire
Je le garde pour moi car plus rien ne m'attend.
Et je ne fais pas mieux que des pas en arrière.
Ça me semblais si juste, comme une finalité
Mais le temps fait son oeuvre et j'y suis étranger.
Je ne vais même plus sur les quais de la Saône
Repêcher mes amis me livrer à la faune.
Amis de ma jeunesse, je n’oublierais jamais
Les heures de liesse, le frisson, le vrai.
Amis de ma jeunesse où êtes-vous passés?
Et par quelle fenêtre tout ça s'est envolé?
Amis de ma jeunesse je me suis brûlé
Par le feu des heures tendres qui donne sans dire,
Par le cri intérieur qui rechigne à partir.
Amis de ma jeunesse, rendez vous sur les quais.
|
||||
7. |
L'ombre des nuits
03:38
|
|||
Je transporte les jours blessés
Vers la rivière, très loin d'ici.
Je sens le vent se délester
Du poids de trois années d'ennui.
Deux jours ou deux ans, peut-être
Suis-je resté allongé là.
Devant la grande fenêtre
Qui dominait les autres toits.
L'aube vainquant l'ombre des nuits.
Soleil levant, là, sur mon lit
Et j'ai vu souvent le feu naître
Dans notre foyer en hiver.
Les flammes bleus apparaître
Et bien des voix se taire
Il faut crier ce que l'on sent,
Il faut voir ce qui se passe
Des hommes une impasse
Et personne ne comprend.
L'aube vainquant l'ombre des nuits.
Soleil levant, là, sur mon lit
|
||||
8. |
Tant que c'est possible
02:09
|
|||
J'y croirai tant que c'est possible
Pleurant des flots de vérités.
Il ronfle le souffle des cuivres,
Il se dépose sur nos pieds.
Je refuse et je fuis souvent
En prétendant que la nuit tombe.
Puis tout commence et reprend,
Comme la lumière et son ombre.
Mais, seules les vraies joies survivent.
Encore une ou deux tout autour,
Ça suffira jusqu’à la rive.
Passer le temps. Chacun son tour.
Le feu se tait, tout va s'éteindre,
Bientôt tout va recommencer.
Et puis le souffle. Et puis l'étreinte,
L'amour qui n'a jamais cessé.
Et tant qu'il nous reste une braise
On peut toujours tout faire brûler.
Le soleil rouge, la genèse...
Tout reste encore à inventer.
Les mots, les phrases balbutiées
Qu'on ne comprendra plus jamais
Le feu va s'éteindre, on le sait
Comme rire juste avant de pleurer.
Où sont les arches, les miracles,
Les choses qu'on nous a promis?
Les belles tresses, les amours peints
Sur les toiles, sous le vernis
Laissez grimper les lierres verts
Laissez courir les fausses joies,
Laissez vivre les âmes lourdes,
Laissez s'éteindre le feu, là.
|
||||
9. |
Le départ de feu
02:57
|
|||
Il y a un départ de feu dans ma mémoire
Qui va tout embraser et on ne peut rien faire.
Tout le monde est là mais il est déjà trop tard.
Les flammes s'étoffent et sifflent une de leurs vieux airs.
C'est comme un feu qui sommeille pour mieux repartir.
La chaleur frémit et les braises se concertent
Avec les foyers prêts à brûler et à rire
De deux trois maladresses aux branches inertes.
Comme un tapis de braises avançant en rampant
Et qui sans trop de bruit, va gagner du terrain.
Et les riverains regardent en gémissant
Le cadeau du présent qui vit sur son chemin.
Le cœur bien amoché qui brûle sans mentir,
La main tendue parfois mais jamais tous les jours,
Le brasier qui s'éteint mais qui va revenir
Les mains toutes remplies de cet unique amour.
Je te verrai surement entre deux peupliers
Ou sur l'onde d'un lac à peine réveillé.
Et retrouver soudain la vie qui s'est sauvé.
|
||||
10. |
Je serai de retour
03:18
|
|||
Je ne tiens plus dans ce brouillard assourdissant.
J'entends l'appel comme une voix pleurant mon nom.
Canal, rivière, chemins, lièvres et faons,
J'arrive c'est promis, dans une ou deux saisons.
Je ne tiens plus entre ces murs neufs sans âmes
Je retourne bientôt là où se tient ma vie.
Je ne serai pas long, en quelques coups de rames
Je serai de retour dans le plus beau pays.
Il n'y a qu'une vallée où tout peut attendre.
C'est celle là, où rien ne presserait vraiment.
Comme un grand lit de feuilles où pour longtemps s'étendre
Et passer une nuit entière en un instant.
Pourquoi se contenter d'à peine quelques branches
Quand toute une forêt attend un peu plus loin ?
Et quand les chênes chantent les autres se penchent,
J'entends les rires d'une bande de copains.
Mais des gens me disent souvent que c'est trop loin
Et que la route qui y mène est ennuyeuse.
Tout ces yeux ne voient-t-il pas ces hanches creuses
Qui enflent les courbes et l’espoir dans le matin ?
Il n'y a qu'une vallée où tout peut attendre.
C'est celle là où rien ne presserait vraiment.
Comme un grand lit de feuille où pour longtemps s'étendre
Et passer une nuit entière en un instant.
|
Nicolas Virey Antheuil, France
Auteur compositeur, membre du collectif l'Engeance à Dijon œuvre dans la chanson mais depuis 2015 en français et de nouveau
seul. Bien ancré dans la poésie chantée, il s'accompagne à la guitare, à la vielle à roue ou à l'harmonium. Il est aussi vielleux dans le groupe "La Ruche" (transe/drone) et le groupe "Cromorne" (Duo trad/transe)
chanson.bourdon@gmail.com
... more
Streaming and Download help
Nicolas Virey recommends:
If you like Nicolas Virey, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp